Auvillar

quatre villes en une seule

En amont, nous apercevons la cité d'Auvillar et nous avons le pressentiment qu'il y a là de vieilles et curieuses choses. L'aspect général, même lointain, le site, tout indique qu'on se trouve en présence d'une de ces anciennes villes dont la raison d'être n'est plus, à notre époque utilitaire d'activité économique et commerciale, et dont tout l'intérêt réside dans le passé.
Lafontan de Goth, 1898

Auvillar se compose de quatre agglomérations venues successivement se greffer les unes aux autres : le port, le castelnau, la sauveté, la ville neuve.
Un tel développement urbain est dû à sa position stratégique, et à sa situation sur une voie fluviale et une voie terrestre, l'une conduisant à l'autre, qui permirent l'épanouissement de son artisanat et de son commerce.

 

La crête séparant l'Arratz et le Camuson s'avance comme une étrave jusqu'au bord de la Garonne qu'elle surplombe de quatre-vingt mètres environ. Le haut de cet escarpement, véritable nid d'aigle, dut servir de bonne heure de refuge. Le vicomte d'Auvillar construisit son château sur cet éperon facile à défendre, d'où il pouvait surveiller à la fois le fleuve et la vallée, mais aussi la route de crête le reliant à la Lomagne et à la Gascogne.
Des maisons se groupèrent autour, donnant naissance à un castelnau. La démolition de la forteresse lors des Guerres de Religions entraîna sa disparition. L'emplacement devint une promenade dont le point de vue majestueux est un des plus beaux de la Moyenne-Garonne. C'est la ville seigneuriale et vicomtale.

le castelnau

le port

Il dut y avoir très tôt un village de pêcheurs établi sur la berge qui offre ici un replat au bas de la falaise. Il se doubla plus tard d'un relais de batellerie fluviale, devenu un port important.

Auberges, entrepôts, habitations se groupèrent, formant une agglomération de quelque importance. Des maisons du temps de Louis XV rappellent la prospérité des maîtres de bateaux, les armateurs d'alors, dont certains s'adonnaient au négoce, allant jusqu'à produire les denrées qu'ils transportaient et commercialisaient.



Il faut imaginer l'activité de ce qui n'est plus qu'un faubourg endormi au bord du fleuve. Le passage d'une rive à l'autre, sur deux embarcations, fonctionnait même la nuit. Transitaient ici les marchandises et denrées du Languedoc, de la Haute Guyenne et de la Gascogne. Par la route de crête arrivaient sur le quai, depuis la Haute-Lomagne, de grandes quantités de céréales, de vins, de bois, de cuir.
Il y avait aussi la production locale, les faïences et les minots, les plumes d'oie à écrire et les plâtres de Mansonville, ce qui nécessitait des transports et des embarquements journaliers.

la sauveté

Au XIIe siècle, à trois cents mètres du castelnau fut créée une sauveté. Occupant un espace de trois hectares environ, elle se divise en " sauvetat " haute et basse, en raison de la déclivité du terrain.
On la fortifia plus tardivement que la ville neuve, ce qui explique l'existence de la porte Arnaud-Othon à l'emplacement de l'actuelle tour de l'Horloge, construite à la fin du XVIIe siècle, et celle de Lectoure à l'extrémité sud de la sauveté. Elle resta la ville populaire et devint par la suite le faubourg d'Auvillar.

 

 

 

la ville neuve

Au XIIIe siècle, époque connue pour son essor économique et démographique, l'espace resté libre entre le castelnau et la sauveté fut occupé par une " ville neuve ". A vrai dire il était déjà en partie utilisé par des maisons venues se greffer aux murailles du " castrum " dont elles constituaient le faubourg. On étendit seulement le périmètre des habitations et l'on établit un plan d'urbanisation inspiré des villes nouvelles appelées " bastides ".
La ville neuve-bastide s'organisa autour d'une place triangulaire, avec, au centre, une halle trapézoïdale remplacée en 1828 par la halle circulaire actuelle, entourée de belles demeures avec auvent, appartenant à de riches marchands et à des bourgeois enrichis par le négoce.

On distinguait deux grands quartiers, l'un consulaire, l'autre " industriel ". Au sud, le premier appelé aussi quartier du Palais -ainsi désignait-on la maison consulaire- sur la place duquel aboutissent deux rue portant ce même nom : la Grande et la Petite. Sur des substructions du Moyen-Age s'élève un imposant édifice où l'on retrouve tous les styles, du Louis XIII au Louis XV, époques parmi les plus brillantes de la cité auvillaraise.
C'était la ville consulaire et le centre économique de la cité arrivée au terme de son évolution. L'église, véritable forteresse est restée hors les murs.
La décadence s'amorça vers 1880.