AGRICULTURE

Cultures :
Froment, seigle, méteil

 

Au XVIIe siècle, d'après Dastros, on relève quatre espèces de froment :
1) "lo blat roget" (blé rouge, barbu), classé parmi les blés fins, de boulange, qui se plaisait dans les terreforts ;
2) "la grossanha", moins estimé, destiné au service de l'armée ;
3) "la briua", espèce de blé sans barbe ;
4) "l'espèuta" (épeautre) qui s'accommodait des terres peu fertiles.
Lagrèze-Fossat signale "la Bladeta" (le blé d'hiver) que ne semble pas avoir connu Dastros et que l'on cultivait encore dans les années 1930. La spécialité de la Lomagne était le "blé gro" dont nous ignorons le nom gascon (peut-étre la "briua" ?).

Jusqu'au début du XIXe siècle, dans les sols pauvres, le seigle ("la segle") représentait le quart des emblavures car il jouait un rôle prépondérant dans la préparation du pain. Au XVIIe siècle, on le cultivait partout et Dastros mentionne "la segle que blat espranha" (le seigle qui économise du blé). Son importance était d'autant plus grande qu'il entrait toujours pour moitié dans la composition du méteil. Au siècle suivant, dans les bonnes terres, il cédera la place au blé très demandé dans le commerce depuis le développement de la minoterie.
Le méteil ("la mestura") était un mélange de blé et de seigle

 

Orge, avoine

L'orge ("l'org") semble avoir été au Moyen-Age la seconde céréale comme l'attestent les reconnaissances féodales. Dastros en distingue trois variétés : l'orge distique ("lo balharc"), l'orge commun ("l'org qüadrat") et l'orge hâtif ("l'org primau").

Vers le milieu du XIXe siècle, l'avoine devient la seconde céréale par rang d'importance et la surface ensemencée progressera jusqu'en 1930. On lui consacrait peu de soins ; semée sur chaume de blé vers la fin septembre, un simple et léger labour la recouvrait. L'avoine grise d'hiver, bien acclimatée et résistante au froid, était la plus cultivée. Au XXe siècle, on sèmera davantage d'avoine jaune ou blanche, de printemps ("la ciuasa marcesca", l'avoine de mars). Elle se plaisait dans les coteaux où elle atteignait un rendement de 15 hl à l'hectare vers le milieu du siècle dernier.

Le maïs : un cadeau du nouveau monde à l'ancien

Le millet proprement dit se désignait "milh" en occitan, ici en Lomagne comme dans le reste de la Gascogne toulousaine et le Languedoc occidental. Le maïs qui va progressivement le remplacer, lui emprunte son nom jusqu'à ce que l'on fasse la différence entre "gros millet" ("milh gròs") pour désigner le maïs et "menu millet" ("milh menut"), le millet.
Parti de Bayonne, le maïs gagne le pourtour de la Gascogne, le Haut-Languedoc et la Guyenne, mais ne s'introduit que tardivement ou timidement en Lomagne.

A la fin du XVIIe siècle, la culture du maïs est bien implantée dans la vallée de la Moyenne Garonne toute proche d'où elle a dû gagner les premières terrasses puis les coteaux de la Lomagne.

C'est vers le milieu du XVIIIe siècle, que le maïs l'emporte sur les menus grains et légumes tout en étant largement distancé par le blé.
Le maïs ne figure dans aucune rente, ni pratiquement aucune dîme. Sa production en grains et en fourrage devait se consommer à la ferme, ne donnant encore lieu à aucune transaction commerciale comme dans d'autres contrées.
Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe, le maïs a fini par devenir une céréale à part entière, même si elle vient au troisième rang après le blé et l'avoine.

Les terres à maïs alternaient avec le blé car ce grain exige de bonnes terres et demande mëme des engrais en supplément. Dans quelques cantons, on défonçait le terrain à la pelle-bêche. En général on donnait deux labours au mois d'avril et l'on semait le grain dans des sillons espacés d'environ un mètre.
Les tiges parvenues à 20 cm de hauteur, on le sarclait en l'éclaircissant. Un mois après, on passait à nouveau l'araire pour chausser la plante. Lorsque le maïs approchait de la maturité, on en coupait les sommités ("escabelhar lo milh", de "cabelha" - cime) qui servaient à la nourriture des bestiaux. Au commencement de l'automne, on le dépouillait de toutes les feuilles qui garnissaient la tige pour activer le séchage, Ensuite on coupait les épis ("panolha") que l'on dépouillait de leur enveloppe ("bossa").

 

Le questionnaire de 1811 signale quatre variétés de maïs : "le jaune, le blanc, le pourpre et le bariolé" et précise "on n'en cultive qu'une, le jaune qui est réputé l'espèce primitive".

 

Un hectolitre de maïs est plus que suffisant pour ensemencer trois hectares lorsqu'il est semé comme céréale. Notons que les historiens, aveuglés par un rendement de 40 pour 1, ont souvent considéré le maïs comme une plante miraculeuse. Si le rendement du blé n'était que de 5 à 6 pour 1, la dose de semis du maïs n'étant égale qu'à 1/7 ou 1/8 de celle du blé, les deux céréales avaient des rendements voisins. Taupiac en 1862 donne pour le maïs des rendements de 9 hl à l'hectare dans le canton de Beaumont et de 12 à 13 dans celui de Lavit. En outre tous les agronomes considéraient le maïs comme une plante très exigeante en eau, en engrais, épuisante pour le sol.