AGRICULTURE

dépiquage, battage

L'action de dépiquer consiste à faire sortir le grain de son épi. On disait "bàter lo blat" (battre le blé) et la durée pendant laquelle s'effectuait ce travail s'appelait "las batesons", "per batesons". Jusque vers 1870 ou 1880, on battait en effet le blé avec un fléau ("un lajèth" ou "flagèth", forme languedocienne utilisée en Lomagne orientale), composé de deux bâtons articulés par une charnière en cuir.

lo lajèth ou flajèth = le fléau
l'arrolh = la pelle en bois creusée dans la masse, légère, utilisée pour remuer le grain. Le terme de "pala" qui semble un gallicisme l'a remplacé mais il est resté dans l'expression "plèu a derrolh" (il pleut comme si on jetait l'eau avec des pelles ). "A derrolh" semble une déformation de "arrolhar" , à profusion. Dans la Pastorale de Jean de Garros (fin du XVIe s.), nous avons relevé l'expression "se arrolhan las mèsplas" (il y a des nèfles en abondance ).
lo crièth = le crible - Par l'influence toulousaine on utilisait aussi le terme de "la grella" - Les premiers étaient en peau, puis vint l'usage des grilles en fer.


lo trica-traca = tarare, ventilateur - N'apparaît que vers 1870 chez quelques rares fermiers. Son nom est une onomatopée.
lo ronlèu = le rouleau en pierre de forme légèrement conique lui permettant de tourner en rond. Il pouvait être creusé de cannelures.
la pòrta = rouleau combiné avec un traîneau bardé de fer en dessous. Apparu vers 1870. Dix ans plus tard commençait le dépiquage mécanique avec le batteur à manège. Dans la dernière décennie du XIXe siècle s'établirent les entreprises avec les machines à vapeur.

    la machine à vapeur
Les premières entreprises de battage s'établirent aux alentour de 1900 dans la vallée de la Garonne, à Saint-Aignan et au Mas-Grenier. On en dénombrait cinq en 1904. Ce n'était pourtant pas une terre à blé, mais encore une fois c'est par là que s'introduisit "le progrès". Dix ans plus tard ce nombre avait triplé, mais ces nouvelles entreprises se sont établies dans le Haut-Pays, terre céréalière.
una mashina à hoc = machine à vapeur (lit.: à feu)
una locomobila = machine à vapeur actionnant le batteur mais ne le traînant pas.
una rotièra = une machine à vapeur qui traîne le batteur et l'actionne (de "rota", route).
lo gros coffre = (lit.: gros coffre) batteur qu'au temps des locomobiles on traînait avec plusieurs paires de boeufs car il était très lourd.
la batusa = la batteuse (on disait aussi "Io batur" mais nous ignorons s'il y avait une différence entre les deux). Quand on disait "La batusa es enta un tau" (la batteuse est chez un tel), le mot désignait l'ensemble du matériel.
lo caiffa = remorque à deux roues traînée derrière la batteuse où l'on transportait l'huile, la graisse, l'outillage, les cales en bois, etc.
pensar lo batur = défaire les gerbes et faire pénétrer la paille avec les épis dans la machine ("pensar", donner à manger).
un pensaire = celui qui alimentait la machine. L'équipe se composait d'un chauffeur et de deux hommes dits "los pensaires".