AGRICULTURE

la vigne et la vin

 

La plupart des "vinhàres" (vignobles ) dont la toponymie conserve le souvenir datent du Moyen Age, comme celui de Beaumont qui se composait, à l'origine, de mille parcelles, autant que de maisons prévues dans la bastide.

"La vigne, en très grande faveur aujourd'hui dans nos cantons, écrit L. Taupiac en 1868, a reçu depuis quelques années une extension considérable." La production d'alors dans les seul cantons de Lavit et de Beaumont équivalait à celle de l'ensemble de l'élection de Lomagne à la fin du XVIIe siècle.


A côté des grands vignobles, il y avait une quantité de petites parcelles appartenant à des artisans ou des ménagers exploitant leur bien, mais aussi des rayons de vigne isolés, à la lisière des champs, séparés par des cultures. Les petits propriétaires en avaient un peu partout tant leurs parcelles étaient minuscules, pour arriver à faire du vin pour leur consommation. Alors que la rangée de ceps s'appelait "lo camat", on désignait celles qui étaient ainsi isolées du nom de "canças.
On taillait ("podar") la vigne à la fin février et en mars.
On ouvrait la vigne ("descauçar", déchausser) fin mars ou début avril. L'araire avait laissé une bande de terre entre les ceps ("un cavalhon") que l'on enlevait à la houe ("hotjar"). En mai, on coupait les repousses ("emagenqua"). Fin mai et juin, on la fermait ("cauçar", chausser) et durant l'été on faisait plusieurs binages pour détruire les mauvaises herbes.

Puis arrivaient les vendanges ("las vrenhas"). C'était un des grands moments de l'année, comme la moisson et le dépiquage. Les vendangeurs coupaient les grappes ("une gaspa") de raisin ("rasim"), avec une petite serpe semblable à un couteau au bout recourbé qu'ils mettaient dans un panier ("lo panèr vrenhader"). Lorsque celui-ci était plein, ils le vidaient dans un cuveau ("un semalon") que l'on vidait à son tour dans les comportes ("sarrau"). Là, on écrasait les raisins avec une masse de bois ou plutôt on les y tassait car la véritable opération de foulage s'effectuait dans la cuve avec les pieds.

Il y avait plusieurs catégories de vins :
- "lo raspet" : petit vin que l'on faisait avant de vendanger, pour faire la soudure ;
- le vin de pied ("lo vin de pé") que l'on soutirait immédiatement, avant la fermentation au contact des grappes ;
- le vin de presse ("lo vin de prèssa").
 
Le phylloxera se manifeste en Lomagne en 1878, où le canton d'Auvillar est le premier atteint. Ce fut dans celui de Lavit qu'en octobre 1879 commencèrent les premiers travaux de désinfection. Dès 1881, il n'y avait plus aucune commune indemne et en 189, les deux tiers de la vigne avaient péri.
Les vignes américaines, "ces étrangères au fond assez peu sympathiques", finiront par s'imposer.
Les vignes qui avaient échappé à la destruction du phylloxéra seront arrachées peu à peu pour étre remplacées par des plans nouveaux ou d'autres cultures, à moins qu'elles ne deviennent des "bousigues".
LA DISTILLATION
L'eau-de-vie a conservé chez nous, comme d'ailleurs dans une bonne partie des Pays d'Oc, le nom primitif ("l'ayga ardenta", l'eau ardente) que nous avons à peine déformé puisqu'on dit "l'ayg'orden".
Il a sans doute fallu attendre la seconde moitié de XIXe siècle et l'extension du vignoble, pour que l'usage de l'alambic se développe dans les campagnes. Les premiers étaient petits et passaient à domicile : à feu continu, ils distillaient une barrique par jour.