AGRICULTURE

Les modes d'exploitation

   

Les "ménagers en leurs biens", qu'on nommera plus tard propriétaires-exploitants, cultivent eux-mêmes leurs terres. Ils peuvent être gros propriétaires ou disposer seulement en propre d'un petit lopin ; les petits et moyens propriétaires sont les plus nombreux, tandis qu'on déplore l'absentéisme des grands propriétaires qui se soucient peu de leurs terres.

Le métayer ("lo bordilèr") cultive à mi-fruit ("à miéjas") les terres d'un propriétaire dont il partage les profits. Le paiement des contributions, sauf les prestations en nature, restaient à la charge du bailleur.

Dans le cas d'exploitation par maître-valet ("lo mestre-vailet"), le propriétaire restait possesseur des animaux attachés à la métairie ainsi que des instruments et des outils et devait faire face à tous les frais de culture.
Le maître-valet était tenu de bien labourer et de disposer les terres en quatre façons au moins pour recevoir les semences et d'exécuter toutes les répartitions utiles et tous les travaux qui lui seront commandés par le propriétaire. En contre partie, on lui donnait le quart du profit sur les animaux. On soldait la plus grande partie en froment, le reste en maïs ou en fèves.

L'estivandier ("l'estiuandèr") est l'ouvrier loué pour la saison d'été qui a la charge d'entretenir et de ramasser les cultures de la saison moyennant une part convenue avec le propriétaire. Généralement le mari et la femme faisaient le travail en commun. Il y avait, d'après l'usage, deux hommes et deux femmes par paire de labourage.

Le domestique à l'année ("un vailet") habitait à la ferme et partageait d'ordinaire le menu familial. Il était nourri, blanchi, entretenu et recevait parfois quelque argent.

L'"estashant" était un journalier, un brassier auquel on donnait un logement et, en sus, un petit jardin pour son usage et de la piquette pour boisson s'il y avait des vignes annexées.

Le vigneron complanteur recevait à bail perpétuel un terrain qu'il se chargeait de planter en vigne et dont il assurait l'entretien et le renouvellement.

 

LE NOMADISME AGRICOLE
Le travail du ciselage du chasselas de Moissac, qui se fait en automne, était effectué par des jeunes filles venant du Causse. Par groupes d'amies, généralement des mêmes villages, elles travaillaient à la ferme, où elles mangeaient et couchaient, du lundi matin au samedi à midi. La chère était fort convenable et parfois les travailleuses organisaient un bal à mi-semaine et un à la fin des travaux.
Le fils de métayer ou de petit propriétaire se faisait embaucher à l'âge de 12 ou 13 ans. La première année il était petit pâtre ("pastron") avec des gages annuels de 5 ou 10 francs plus une paire de sabots ou une blouse. Il couchait à l'étable avec le bétail, levé à l'aube, couché au crépuscule, parfois mal nourri et rudoyé ; il faisait un rude apprentissage. A son retour du régiment, le salaire pouvait atteindre annuellement 400 ou 450 francs. Au bout de deux ou trois années, il avait amassé un petit pécule, se mariait avec une journalière ou une fille de métayer et se trouvait en mesure de prendre une petite borde.