FOIRES ET MARCHES

 

 

Les foires et les marchés sont nés aux croisements des premières voies de communication par lesquelles on acheminait des produits provenant de contrées diverses mais complémentaires. Ces rencontres répondaient à une nécessité, se tenant d'abord à certaines époques de l'année, annuelles ou bisannuelles, et devinrent les foires. L'automne et le printemps correspondant aux mouvements de la transhumance donnaient lieu à un trafic d'animaux. Ensuite le printemps et l'hiver, avant et après les grands travaux des champs, étaient propices aux transactions concernant les animaux de trait. N'oublions pas que l'élevage a toujours joué un rôle important en Lomagne.
Les agglomérations de quelque importance furent dotées chacune d'au moins une foire (Castéra-Bouzet) souvent de deux (Auvillar, Beaumont. Saint-Nicolas-de-la-Grave, Solomiac, Lavit, Saint-Clar et d'autres). Elles attiraient des foules considérables venues de fort loin, plus d'une journée de trajet à l'aller comme au retour.

Au fil des siècles, certains centres vont se développer alors que d'autres tomberont en désuétude et disparaîtront. Ceux qui se maintiendront finiront par se spécialiser. Les grands marchés de grains se tiendront à Auvillar, Beaumont et Saint-Clar et le principal pour le bétail de toutes espèces sera Lavit.

Foires et marchés devaient parfois se tenir en dehors des agglomérations car les animaux que l'on y amenait occupaient beaucoup d'espace. C'était "Io fièrau" (de "fièra", foire) dont les français ont fait le foirail ou tout simplement le champ de foire.
Avec l'urbanisation du XIIIe siècle, on assista à la floraison des foires et des marchés mais aussi à leur organisation. Désormais, le cœur de ces rencontres se situa sous la halle et les garlandes périphériques, débordant dans les rues adjacentes, la moindre placette étant occupée. Toutefois seuls les forains y trouvaient place avec la volaille et les grains, les animaux d'espèces bovine, chevaline, ovine et porcine occupant toujours le champ de foire d'origine, hors les murs, communal, "padoenc" ou "plaçà" transformé en foirail un jour par semaine lorsqu'il y avait un marché ou quelque jours par an à l'occasion des foires.
Un emplacement particulier était réservé à chacune des denrées : blé, vin, sel, viande surtout de cochon, fraîche et salée, poisson, également salé, fruits, fromages, volailles, gibier, peaux de renard et de loutre, draps, laine, poteries, cuir, fer, bois, etc. Le foirail était occupé par le gros et le menu bétail : bovins, ovins, caprins, porcins et "tota bèstia caualina" (tout animal de l'espèce chevaline : cheval, mulets, ânes).
Les exportations se composaient de produits manufacturés (textiles. poteries et faïences, cuirs), mais surtout de produits agricoles (grains, vins, volailles, bétail). On consommait peu sur place et la plus grande partie de cette production allait approvisionner des marchés étrangers parfois assez lointains dont les centres de redistribution étaient Toulouse mais surtout Bordeaux - par où elle pouvait remonter les côtes de I Atlantique (poteries) et atteindre l'Angleterre (cuirs, vins) ou vers les " îles d'Amérique " où étaient expédiés les minots de farine.
Le commerce se faisait davantage par voie d'eau que par terre, la Lomagne ouvrant sur la Garonne avec les ports de Bourret, Saint-Aignan, mais surtout Saint-Nicolas et Auvillar.

les commerces

Sur les enseignes des magasins d'épicerie, au-dessus de la porte ou sur les panneaux encadrant les vitrines, on indiquait "Alimentation générale" et l'on énumérait toutes les catégories de produits vendus : mercerie, bonneterie, graineterie, épicerie, comestibles, vins et liqueurs, etc. Dans les bourgs à gros marchés, il y avait plusieurs de ces épiceries doublées de quincailleries où l'on vendait non seulement le menu outillage (houe, fourche, faux, chaînes, les diverses parties de l'araire, etc.) que l'on fabriquait en série, mais aussi le fer à l'usage des artisans et les fers destinés aux ferrement des bestiaux ( bovins, chevaux, mulets et ânes) dont on faisait une grande consommation.

 

On distinguait autrefois le chiffon ("Io perrèc") du vêtement usagé ("Io pelh" ou "la pelha") et le chiffonnier s'appelait "Io perrequet". Ils étaient nombreux, car ils allaient à pieds et ne suivaient qu'un rayon assez restreint. Un gros bâton fourchu ("Io bordon") auquel il enroulait son grand sac, posé sur l'épaule, il passait dans les fermes achetant plumes, duvets, peaux de lapins, chiffons. En retour, il vendait de la laine, du fil, des aiguilles, un peu de "bordure" . II avait toujours sa balance romaine ("la romana" ).